sans titre
Sans titre, installation, vidéoprojecteur, métal, bois, Paris
Cette installation met en espace des objets récupérés dans la rue, des objets de rebuts, qui n'ont - a priori - aucun intéret. Le geste de récupération pré-existe à la construction de l'oeuvre. L'artiste est mis en retrait, on ne distingue aucune intervention physique, aucune trace de geste si ce n'est dans l'agencement des objets, le contrôle de la lumière pour former une cohérence plastique, une oeuvre presque mentale.
L'intention réside dans la présentation ( et représentation en photo ) d’éléments hétéroclites, en vue de reconstruire une oeuvre où les dualités s'exercent, et finissent par se surpasser dans un ensemble équilibré. L'importance de la lumière est considérable, elle permet de valoriser en éclairant, ou au contraire, de mettre en lumière par sa propre négation. Ce sont leurs qualités plastiques formelles qui animent ma reconsidération. L'envie de reconstruire, de les intégrer à une nouvelle construction. Partir d'éléments existants dans mon environnement, et construire une oeuvre contemplative mais englobante. L'agencement des éléments et leurs interactions mutuelles sont primordiaux. Ce qui donne force à l'oeuvre est la perception globale de ce système d'éléments mis en relation.
Les objets métalliques photographiés insitu renvoient la lumière, devenant des sortes de néons malgré eux, se confrontant avec le bois posé au pied de cette image. La fine tige métallique, presque imperceptible en premier lieu, vient faire le lien entre cette image et les éléments présentés, dans cette tension entre le réel et le virtuel.
La lumière souligne et valorise le tas de branches, élément central de la composition spatiale. Ces différents éléments ont été pensés dans un contexte physique : l'espace d'exposition. Assemblés, confrontés, ils prennent toute leur puissance. L'utilisation de matériaux dits pauvres est caractéristique de l'Arte Povera ( du sable, des chiffons, de la terre, du bois, du goudron, de la corde, toile de jute, des vetements usés, etc. ) qui les positionne comme des éléments artistiques de composition.
Toutefois, certaines oeuvres, comme Igloo di Giap de Mario Merz utilisent des matériaux plus sophistiqués tels que des néons. Contestataire, rejetant le pop art américain et le mercantilisme de l’art, il prônera une radicalité faite de formes libres qui empruntent à la poésie des matériaux ; et un minimalisme, né américain, qu’il intègre autant qu’il le rejette. La poésie se retrouve ici dans la simplicité de l'installation, les objets posés tels quels ( « ready made » ) sans aucune intervention physique si ce n'est le choix de leur placement dans la salle.
Le contraste se retrouve dans le choix de mise en lumière. Le bois est éclairé, souligné, révélant ses lignes, sa texture, tandis que les objets en métal sont mis en retrait. Mais cette négation de la lumière, cette « non-révélation » volontaire est aussi importante.