room 61

room 61, vidéo-projetée ( 4min ), soc les blancs, téléviseur, pot de peinture, rouleau, Paris.

Room 61 aborde une nouvelle notion ; celle de la vidéo-performance. Le processus de création in situ est révélé par une vidéo projetée mais la confusion du spectateur est maintenue par la confrontation entre espace et image, entre espace réel et espace re-présenté et leur mise en relation simultanée.

L'art de l'installation est un laboratoire d'expérimentation de la spatialité (1) et l'espace environnant est le support de mes créations. Le spectateur n'est pas un récepteur passif, un contemplateur tenu a distance par la frontière classique entre l'art et le réel. Il « entre » dans l'oeuvre, s'immerge dans l'installation ; art qui se construit sur cette frontière pour tenter de la dépasser. Cette dimension immersive est renforcée par le son qui investit l'espace physique du spectateur. Aurélien Bory, metteur en scène français, aborde le théâtre comme un espace où le mouvement des corps et des objets s'accorde avec les composants du plateau théâtral. Avec Espaece il s'empare du projet de Georges Perec, Espèces d'espaces et la page blanche devient le plateau nu.

La mise en scène est brute, les murs se déplacent, révélant leur verso ; les lumières défient le placement des corps et jouent avec cet espace et ses spécificités. La scène, les outils et mécanismes du théâtre font partie intégrante de son oeuvre comme des acteurs. Dans room 61, la performance, l'éphémérité, la lumière, et leur mise en scène dans l'espace d'exposition traduisent une certaine théâtralité. Cette dernière devient un moteur de la spatialité. La neutralité du blanc et les formes géométriques tendent à rejeter toute narrativité, mais elle se maintient à travers la dimension performantielle et la présence physique d'objets identifiables.

On peut y voir également une sorte de dématérialisation de la peinture, une peinture « virtuelle », signifiée par la lumière blanche qui apparaît par la suite.

(1) Alberganti A. L'art de l'installation, la spatialité immersive, ed. L'Harmattan, 2013, p.8